« Hey Morgan ! Tu viens au bar avec nous ce soir ? ». L'intéressée tourna doucement la tête en direction de la personne qui venait de s'adresser à elle. Entre internes les petits tours au bar du coin, celui non loin de l'hôpital au cas où on les appellerait en urgence, étaient une habitude à laquelle la jeune femme avait adhéré depuis plusieurs années déjà. Restant tout d'abord silencieuse, Nahla regarda Tim l'un des internes qu'elle appréciait le plus mais également celui qu'il venait de s'adresser à elle. Son silence dura tout le temps où elle se mit à peser le pour et le contre de cette petite soirée entre internes après une journée bien chargée. Autant dire que Nahla n'en pouvait plus, il n'était pas difficile de remarquer à quel point la jeune femme était fatiguée, les traits de son visage étaient tirés et les cernes sous ses yeux étaient de plus en plus visibles. Pour résumer, Nahla ressemblait de plus en plus à un zombie, sa peau était pâle et la blondeur de ses cheveux n'arrangeait rien d'autant plus qu'avec cette fatigue ils perdaient de leur éclat et les reflets dorés n'étaient quasiment plus visibles. Finalement, elle soupira pour début de réponse ce qui aurait pu suffire à Tim qui la connaissait par cœur à présent, mais le jeune homme la regarda d'un air suppliant dans l'espoir de la faire céder, ce qui la fit sourire plus qu'autre chose. « Désolée, j'en peux plus aujourd'hui et je dois passer voir ma cousine, on remet ça à un autre soir ? ». Elle vit le jeune homme soupirer, il baissait les bras pour aujourd'hui et après lui avoir adressé un sourire pour lui confirmer qu'ils remettraient ceci à un autre jour il quitta le couloir pour se rendre dans les vestiaires, ce qu'elle fit également. Une fois face à son casier, Nahla ôta sa tenue rose pâle qu'elle accrocha à un cintre et mit à la place un jeans banal et légèrement déchiré au niveau de ses genoux ainsi qu'une chemise qu'elle boutonna rapidement pour finir par ses converses noires après avoir détaché ses cheveux. C'était le genre de tenue qui en disait long sur l'état d'esprit de Nahla, une tenue vestimentaire qui disait clairement 'je suis fatiguée, je m'habille comme je veux alors ne venez pas m'emmerder !'. En ce moment elle avait que peu le temps de rester de longues minutes devant son armoire pour choisir la tenue du jour surtout qu'elle ne la portait que pour aller et revenir du travail. Lorsqu'elle rentrait chez elle c'était en plein milieu de la nuit et c'était souvent un miracle qu'elle prenne le temps de se changer pour dormir.

Une fois prête, sac à main sur son épaule et clé de sa voiture dans la main, Nahla salua ses collègues d'un rapide geste de la main en quittant l'enceinte de l'hôpital pour se diriger vers le parking réservé au personnel. Une fois les lieux quittés, Nahla roula tranquillement en direction de l'extérieur de la ville avant d'insulter toutes les voitures qui se trouvaient sur la route, ayant comme oublié qu'en règle générale elle finissait toujours à l'heure de pointe. C'était une preuve supplémentaire que la jeune femme ne savait plus où elle en était, elle était tellement concentrée sur son travail depuis l'explosion qui lui arrivait de travailler quasiment vingt-quatre heures, faisant quelques pauses dans la salle de repos avant de retourner au travail. Et puis ... elle ne pouvait pas nier le fait que le titulaire remplaçant que le chef lui avait collé dans les pattes lui donnait du travail à ne plus savoir où donner de la tête. En ce moment, Nahla courrait partout dans le service de pédiatrie, mais pas uniquement. Elle avait beau avoir trouvé et choisi sa spécialité, elle restait néanmoins une interne et lorsqu'un médecin avait besoin d'elle, la demoiselle ne pouvait tout bonnement pas refuser cette demande. Elle ne pouvait pas se plaindre, entendant déjà dans sa tête ce qu'on lui répliquerait : « vous avez choisi ce métier Morgan, il faut l'accepter avec ses bons côtés, mais surtout avec les mauvais », vous parlez d'un discours pour vous donner envie de travailler là. Nahla soupira à cette pensée, n'avançant que de quelques mètres en une ou deux minutes, augmentant le son de la musique provenant de l'iPod qu'elle avait branché pour se détendre. Elle ne cessait de répéter que la musique adoucit les mœurs, comme le dit le proverbe et autant dire qu'elle était parfaitement d'accord avec lui, ne parvenant à se calmer qu'avec un peu de musique, l'amenant à regretter le fait de ne pas pouvoir travailler avec. Ce fut donc après un bon moment dans les embouteillages qu'elle parvint enfin à quitter le centre-ville, pour se rendre en direction de l'appartement où vivait à présent sa cousine bien qu'il ne soit pas loin de l'hôpital.

Nahla aimait bien trop se trouver au volant de sa voiture pour aller à pied chez Saphyra, même si aujourd'hui marcher n'aurait pas été plus mal étant donné le temps qu'elle avait mis pour sortir du centre-ville pour se rendre à l'appartement ce qui habituellement lui prenait cinq minutes mais qui avait quasiment prit une demi-heure ce jour-là. Garée non loin du bâtiment qu'elle connaissait bien à présent - et ce malgré le passé dont elle n'était pas fière - Nahla sortie de son sac le double des clés que sa cousine lui avait confiées quelques jours auparavant et pénétra dans l'immeuble, ravie d'être loin de son lieu de travail et priant pour que son bipeur ne se mette pas déjà à sonner auquel cas elle risquait sérieusement de perdre les pédales. La jeune femme monta rapidement les marches qui la menèrent à l'étage où vivait Saphyra et plus précisément devant la porte de cette dernière, enfonçant les clés dans la serrure avant de pousser cette dernière, entrant dans le logement pour finir par fermer derrière elle, glissant les clés dans son sac. « Saphyra ? T'es là ? ». Aucune réponse. Nahla fronça légèrement ses sourcils blonds et avança dans l'appartement silencieux, se dirigeant vers la salle de bain lorsqu'elle entendit enfin du bruit. La jeune femme déposa son sac dans le couloir trouvant qu'il l'encombrait plus qu'autre chose et une fois devant la porte de la salle de bain, elle poussa cette dernière pour découvrir sa cousine à l'intérieur. « T'es devenue sourde ma ... bordel, mais qu'est-ce que tu fais ? ». Si le ton de sa voix avait été d'abord assez moqueur en voyant du sang à plusieurs endroits dans la pièce et sur les mains de sa cousine, la fin fut dite avec une voix plus paniquée et grave. Ses instincts de médecin reprenant le dessus, Nahla se précipita vers Saphyra, attrapant au passage une serviette, prête à nettoyer le sang qu'il y avait sur le corps de la brunette afin de voir l'étendue des dégâts, oubliant le fait qu'elle s'était elle-même infligée ces blessures. Mais la plus grande surprise eut lieu après, lorsqu'une fois le sang nettoyé elle put remarqué qu'il n'y avait aucune blessure, la peau était nette, parfaite, douce.

« Qu'est-ce que ... ». Les sourcils de Nahla se froncèrent de plus belle, fixant les jambes de Saphyra sans savoir quoi ajouter, ayant une vague impression de déjà-vu avant de lever la tête vers sa cousine. « T'étais où pendant l'explosion ? ». À présent qu'elle y pensait, toutes les deux n'avaient pas spécialement parlé de l'endroit où elles s'étaient trouvées pendant l'explosion même si pour Nahla c'était une évidence : elle était à l'hôpital. Elle continua de fixer sa cousine sans rien ajouter cette fois, se contentant d'attendre silencieusement sa réponse même si elle s'en doutait légèrement vu la situation. Nahla avait déjà vécu une situation similaire suite à l'explosion à l'hôpital. Il y avait tout d'abord eu Bonnie qui avait miraculeusement survécu à des blessures particulièrement graves puis un grand nombre de blessés graves qui avaient cicatrisés à une vitesse ahurissante. Il n'était pas difficile pour elle de savoir que Saphyra s'était trouvée non loin de l'explosion, seule explication tangible pour ces blessures qui n'étaient plus du tout visibles, mais elle voulait s'en assurer malgré tout.